L'écosystème marin de la Nouvelle-Calédonie, l'un des plus sains de la planète, mérite une protection plus forte

La Nouvelle-Calédonie, un territoire français d'outre-mer situé au cœur du Pacifique Sud, abrite certains des récifs coralliens les plus sains et les plus riches en biodiversité de la planète. Elle compte notamment la concentration d'espèces coralliennes la plus diversifiée au monde et la deuxième plus grande barrière de corail de la planète.

En avril 2014, le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie a créé le parc naturel de la mer de Corail, qui couvre l'ensemble de sa zone économique exclusive. Depuis, il collabore avec The Pew Charitable Trusts, des organisations non gouvernementales locales, des scientifiques, des entreprises et la communauté en vue d'élaborer un plan de gestion qui définira les différentes régions du parc, la manière dont elles seront utilisées ainsi que leurs niveaux de protection.

À l'occasion de la Journée mondiale de sensibilisation aux récifs, le 1^er juin, voici trois choses à savoir concernant le système récifal de la Nouvelle-Calédonie et la nécessité de mettre en place de vastes zones hautement protégées au sein du parc.

Les récifs et les monts sous-marins de Nouvelle-Calédonie abritent une vie marine foisonnante

Les récifs coralliens du territoire et ses lagons tropicaux environnants forment l'un des systèmes récifaux les plus sains et les plus étendus du monde, et abritent une faune extrêmement variée. Les eaux de Nouvelle-Calédonie comportent également de nombreux monts sous-marins ainsi que la fosse de subduction des Nouvelles-Hébrides, où l'on trouve également une vie marine très diversifiée. Les experts ont en effet recensé plus de 9 300 espèces dans les eaux de Nouvelle-Calédonie, dont : 1 700 espèces de poissons, 473 espèces de coraux, 48 espèces de requins, 27 espèces de mammifères marins, 32 espèces d'oiseaux de mer et 4 espèces de tortues de mer.

Cet écosystème diversifié abrite de nombreuses espèces emblématiques et menacées, notamment la baleine à bosse, la loche géante, la raie à taches noires, la raie manta, le napoléon, les serpents marins ainsi que la troisième plus grande population de dugongs au monde. Ces espèces ont besoin d'habitats sains pour se nourrir, s'abriter, se reproduire et migrer.

Jean Re Reve

Les récifs coralliens, menacés d'extinction dans le monde entier, sont essentiels à la subsistance et au bien-être des êtres humains

Les récifs coralliens et la vie marine qu'ils abritent sont vitaux pour plus de 500 millions de personnes dans le monde, qui en dépendent pour leur alimentation, leurs revenus et la protection des côtes. Ces écosystèmes fragiles sont toutefois en déclin dans le monde entier en raison de la surpêche, de la pollution et du changement climatique. En effet, une nouvelle étude a révélé que le corail était l'organisme marin le plus affecté par les activités humaines. L'UNESCO estime que la plupart des systèmes récifaux mourront complètement d'ici 2100 si l'humanité ne réduit pas ses émissions de carbone, et que de nombreux récifs sont susceptibles de disparaître encore plus tôt.

Actuellement, dans le monde, seulement 1,5 % des récifs coralliens sont encore intacts ou quasiment intacts, et la Nouvelle-Calédonie en abrite un tiers. Cet écosystème fragile est néanmoins confronté aux menaces croissantes de la pêche commerciale et de la pollution des nutriments par les mines de nickel voisines, ainsi qu'aux contraintes exercées plus généralement par le changement climatique.

L'écosystème marin de la Nouvelle-Calédonie n'est pas suffisamment protégé

Les récifs coralliens de Nouvelle-Calédonie, uniques au monde, entourent l'île et se développent dans toutes sortes de conditions océaniques, notamment des courants chauds et froids. Ces eaux abritent tous les grands types de récifs, et le système récifal, dans son ensemble, est considéré comme l'un des plus beaux de la planète en raison de sa pureté et de la diversité des espèces de coraux qui se trouvent si proches les unes des autres. De fait, six lagons et récifs coralliens ont été classés au patrimoine mondial de l'UNESCO, ce qui illustre bien leur valeur universelle.

Les récifs et lagons de Nouvelle-Calédonie font également partie du patrimoine océanique de ce territoire et revêtent une grande importance économique, sociale et culturelle pour ses habitants. Le système récifal assure quotidiennement la protection des poissons et des côtes, et joue un rôle essentiel dans les traditions du peuple kanak, dont bon nombre remontent à plusieurs milliers d'années. En 2018, le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie a voté en faveur de la création d'aires marines protégées (AMP) autour de cinq récifs (Chesterfield, Bellona, Astrolabe, Pétrie et Entrecasteaux), préservant ainsi efficacement 28 000 kilomètres carrés d'océan de toute activité d'extraction. Toutefois, ces AMP ne couvrent qu'environ 2 % de la superficie du parc naturel de la mer de Corail.

Le gouvernement doit agir en faveur d'une protection plus étendue de cet écosystème fragile pour lui permettre de continuer à procurer un certain nombre d'avantages à la communauté, en particulier une protection contre l'impact des tempêtes et une résilience accrue face au changement climatique. En coopération avec ses partenaires locaux, le programme Héritage des océans de Pew et Bertarelli plaide en faveur de la mise en place d'au moins une vaste AMP hautement protégée au sein du parc naturel de la mer de Corail. Des études montrent que ce niveau de protection renforce la santé des écosystèmes marins et favorise le maintien des populations de poissons, en particulier celui des espèces très mobiles et migratrices. Par ailleurs, une AMP étendue et hautement protégée assurerait la protection des espèces marines voyageant entre les eaux de la Nouvelle-Calédonie et celles du parc marin australien de la mer de Corail, et montrerait aux autres gouvernements régionaux l'engagement de la Nouvelle-Calédonie à gérer de manière responsable l'environnement marin. Plus important encore, en intégrant des garanties solides dans le plan de gestion du parc, le gouvernement peut contribuer à préserver cet écosystème d'importance mondiale pour les générations à venir.

Christophe Chevillon est responsable du projet Héritage des océans de Pew et Bertarelli en Nouvelle-Calédonie.