Préserver le milieu marin de Nouvelle-Calédonie

Les bénéfices d’une vaste réserve marine hautement protégée

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Préserver le milieu marin de Nouvelle-Calédonie

Cette fiche d’information a été mise à jour en octobre 2019 pour tenir compte des changements mineurs qui ont été apportés à la carte.

En bref

L’océan joue un rôle essentiel dans le maintien de la vie sur Terre. Il couvre près de 75 % de la surface du globe et abrite environ un quart des espèces connues au monde, et bien d’autres qui restent à découvrir. Il alimente des milliards de personnes et une multitude d’espèces.

Or, l’océan est aujourd’hui confronté à de nombreuses menaces, dont la pêche industrielle, les déchets plastiques, le changement climatique, la surpêche et la pêche illicite. Au niveau mondial, environ un tiers des stocks de poissons sont soumis à une pêche non durable d’un point de vue biologique. L’océan a perdu plus de 90 % de ses grands poissons prédateurs, comme le thon et les requins, et 1 poisson sur 5 est pêché illégalement. Ces tendances doivent être inversées pour protéger la biodiversité marine dans ces eaux et subvenir aux besoins des populations qui en dépendent.

Il est prouvé que la mise en place de grandes aires marines protégées est un moyen sûr de préserver des sites d’intérêt sur le long terme.

Les eaux du Pacifique Sud qui bordent le territoire français de la Nouvelle-Calédonie sont connues pour leur beauté naturelle, leur incroyable biodiversité et leurs processus écologiques uniques. Elles possèdent une vie marine saine recelant de nombreuses espèces de poissons et de coraux, un système récifal parmi les plus étendus de la planète et le plus grand lagon au monde. Ces eaux abritent des écosystèmes marins biologiquement diversifiés et intacts, ainsi que d’importantes populations de grands prédateurs. Elles offrent aussi un habitat à de nombreuses espèces emblématiques et menacées.

En avril 2014, le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie a créé le parc naturel de la mer de Corail, une zone de gestion qui couvre la totalité de la zone économique exclusive (ZEE) du territoire. La désignation d’une vaste aire marine hautement protégée dans ce parc de près de 1,3 million de kilomètres carrés permettrait d’assurer la protection à long terme des habitats marins de cette région. En 2017, le gouvernement travaillait encore à la création d’un plan de gestion qui permettrait de délimiter les zones du parc et de déterminer comment ces zones seraient utilisées ainsi que leur degré de protection.

La Nouvelle-Calédonie a invité le projet Héritage des océans de Pew et Bertarelli à rejoindre le comité de gestion qui travaille à la création du parc naturel de la mer de Corail. Parmi ses membres figurent des représentants d’institutions publiques et locales, d’organisations environnementales, de communautés locales, d’organisations non gouvernementales et du secteur privé.

Les avantages de la création d’une vaste réserve

Si les eaux de Nouvelle-Calédonie sont saines aujourd’hui, c’est grâce aux restrictions imposées aux flottes de pêche et aux navires de chalutage aux effets dévastateurs. Or, compte tenu des pressions croissantes de la pêche commerciale et industrielle, la pérennité de cet environnement marin n’est pas garantie. La création de vastes réserves marines hautement protégées permettrait de veiller à la préservation de ces eaux pour les générations futures.

D’après les scientifiques, les aires marines protégées jouent un rôle essentiel dans la conservation des océans en préservant les habitats et le cycle de vie des espèces, ce qui est également bénéfique aux espèces très mobiles ou migratrices, comme les thons, les baleines, les tortues et les requins. De plus, ces grandes réserves créent des opportunités pour les activités économiques respectueuses de l’environnement plutôt que pour les activités fortement extractives, comme la surpêche industrielle.

En Nouvelle-Calédonie, les récifs jouent aussi un rôle économique, social et culturel important. Six lagons et récifs coralliens ont été classés au Patrimoine mondial de l’UNESCO, attestant de leur valeur universelle.

C’est pourquoi Pew a émis la recommandation qu’au moins une vaste réserve marine hautement protégée soit incluse dans le parc naturel de la mer de Corail. La pêche et toutes les activités d’extraction y seraient interdites. La subsistance des pêcheurs locaux ne serait pas affectée puisqu’ils pourraient continuer de pêcher dans ces eaux. Ce niveau de protection favoriserait le développement d’écosystèmes marins sains et aiderait à préserver les eaux de Nouvelle-Calédonie pour les générations futures.

Sebastien Cote
Jean Re Reve
Jean Re Reve

Un immense patrimoine marin

La mise en place d’une vaste réserve marine hautement protégée dans la ZEE de la Nouvelle-Calédonie pourrait également permettre de relier le parc naturel de la mer de Corail au parc marin de la mer de Corail en Australie. Ensemble, ils permettraient de protéger une immense zone géographique contigüe et de relier les sites inscrits au Patrimoine mondial de l’UNESCO que renferment ces deux ZEE. Relier ces deux parcs se traduirait par la création de la première aire marine protégée transfrontalière au monde, témoignant d’un engagement régional pour la gestion de ces eaux et la protection de l’environnement marin à travers le Pacifique.

Le parc naturel de la mer de Corail contribuerait largement à l’objectif de la France de protéger 20 % de ses eaux d’ici 2020. Les activités commerciales et industrielles d’extraction seraient interdites dans la moitié de ses eaux protégées.

La création d’une vaste réserve marine hautement protégée contribuerait aussi à atteindre l’Objectif d’Aichi 11 des Nations unies, qui demande la protection de 10 % des zones marines et côtières de la planète d’ici 2020. Le parc naturel de la mer de Corail ferait de la Nouvelle-Calédonie un modèle international de la conservation des océans. À ce jour, près de 15 % des zones terrestres sont protégées à l’échelle mondiale, alors que seules 3 % des zones marines le sont.

Jean Re Reve

L’environnement marin de Nouvelle-Calédonie en bref

Liz Fraser

Des îles et des récifs sauvages

Chesterfield, Bellona, Astrolabe, Petrie et Entrecasteaux sont des récifs et des îles isolés de Nouvelle-Calédonie. Figurant sur la liste des derniers sites inaltérés de la planète, ils font partie du patrimoine océanique du territoire. Les scientifiques ont démontré que les récifs immaculés de Nouvelle-Calédonie possèdent une biomasse de poissons et une densité de requins bien plus grandes que 63 autres sites répartis dans 17 îles du Pacifique.

Les espèces marines

Près de 9 300 espèces marines ont été identifiées dans les eaux de Nouvelle-Calédonie, dont 1 700 espèces de poissons, 48 espèces de requins, 27 espèces de mammifères marins, 32 espèces d’oiseaux marins et 4 espèces de tortues1.

Nombre d’espèces emblématiques et menacées nagent dans les eaux de Nouvelle-Calédonie, y compris des baleines à bosse, dugongs, grands requins, tortues de mer, raies manta, napoléons, serpents de mer et oiseaux marins. Ces espèces dépendent d’habitats sains pour se nourrir, nicher, se reproduire et migrer.

Christian Grondin
Bertrand Richer de Forges

Des écosystèmes profonds

Des études scientifiques ont mis en lumière la nature exceptionnelle des écosystèmes profonds de Nouvelle- Calédonie. Elles ont révélé une biodiversité très riche et la présence d’espèces auparavant inconnues, ainsi que d’espèces appartenant à des groupes anciens, tels le nautile ou le crinoïde fossile vivant, Gymnocrinus richeri, que l’on pensait éteints depuis 140 millions d’années. Les récifs profonds et les monts sous-marins sont des habitats riches et productifs pour certaines espèces que l’on ne rencontre nulle part ailleurs.

700 000 couples d’oiseaux de mer nicheurs

La Nouvelle-Calédonie abrite une variété étonnante d’oiseaux marins, notamment des frégates, des macareux, des pétrels, des sternes et diverses espèces de fous. Parmi les 2,5 millions d’oiseaux qui vivraient sur le territoire, 700 000 couples nichent sur des îles éloignées. Ces îles sont internationalement reconnues comme des zones importantes pour la conservation des oiseaux2. Le grand nombre d’oiseaux qu’elles abritent reflète la richesse naturelle de l’environnement marin et sa bonne santé.

Christian Grondin

Des récifs coralliens uniques

La Nouvelle-Calédonie possède la deuxième plus grande barrière de corail au monde et une variété remarquable de récifs coralliens. À ce jour, plus de 400 espèces de coraux y ont été identifiées. D’une longueur totale de près de 1 600 kilomètres, ce système unique de récifs coralliens entoure complètement l’île principale et comprend à certains endroits une double barrière de corail.

Bibliographie

  1. C. Payri, B. Richer de Forges et F. Colin, Compendium of Marine Species From New Caledonia, Institute of Research for Development (2007). http://nouvelle-caledonie.ird.fr/science-en-partage/editions/documents-scientifiques-et-techniques2/compendium-of-marine-speciesfrom-new-caledonia-second-edition.
  2. BirdLife International, « Endemic Bird Area Factsheet: New Caledonia » (2015). http://www.birdlife.org/datazone/ebafactsheet.php?id=201.