Une étude révèle que la pêche au thon à Hawaï a bénéficié de l'extension des aires marines
Les captures et les revenus de la flotte principale ont augmenté après l'agrandissement de deux monuments marins
Une nouvelle analyse révèle que, contrairement aux craintes des acteurs de la pêche commerciale à la palangre dans la région Pacifique, les revenus générés par l'industrie du thon ont en fait augmenté après l'extension de deux grandes aires marines protégées (AMP) américaines dans l'océan Pacifique.Ces travaux s'appuient sur une étude publiée l'année dernière dans la revue Nature Communications, qui est l'une des rares à appliquer des méthodes scientifiques rigoureuses sur ce sujet.
Dans l'étude originale, les auteurs examinent la pêche commerciale à la palangre pratiquée par la flotte d'Hawaï autour des deux aires protégées les plus vastes de la planète :le Monument national marin des îles éloignées du Pacifique (PRI), au sud-est d'Hawaï, agrandi en 2014, et le Monument national marin de Papahānaumokuākea (PMNM), dans le nord-ouest de l'archipel hawaïen, agrandi en 2016.Ces extensions ont quadruplé la taille de chaque AMP qui, à elles deux, interdisent la pêche commerciale et l'exploration pétrolière et gazière sur plus de 2,7 millions de kilomètres carrés d'océan.Avant la mise en œuvre de ce projet, l'industrie de la pêche avait prévenu que l'extension des AMP réduirait les captures et augmenterait les frais de déplacement des pêcheurs, ce qui se solderait par des pertes de dizaines de millions de dollars et une hausse des prix des produits de la mer sur les marchés hawaïens.L'étude initiale a choisi d'évaluer la rentabilité avec l'indice de captures par unité d'effort (CPUE), qui mesure le nombre de poissons capturés en fonction de l'effort et des dépenses mis en œuvre à cette fin. Elle n'a trouvé aucun impact net sur la rentabilité liée à l'extension du PMNM et a même décelé une rentabilité accrue suite à l'expansion du PRI.
En réponse à un commentaire de Jonathan R. Sweeney, chercheur à la National Oceanic and Atmospheric Administration, les auteurs de l'étude ont réanalysé leur approche en utilisant une mesure plus représentative : le revenu par unité d'effort.
L'analyse révisée a pondéré les espèces en fonction de leur valeur économique, plutôt qu'en fonction du nombre total de poissons capturés. Cette stratégie a permis aux chercheurs de tenir compte de la valeur marchande des deux espèces les plus importantes sur le plan commercial, qui sont au centre de la pêche.
Bien que le thon albacore se classe au quatrième rang en termes de captures, il arrive deuxième, derrière le thon obèse, en termes de revenus.
L'analyse actualisée a révélé que la rentabilité de la pêche a augmenté pour ces deux espèces après les deux agrandissements.
Les données montrent que les revenus par unité d'effort ont généralement augmenté depuis le début des extensions en 2014, et ont encore augmenté pendant les 16 mois qui ont suivi l'agrandissement du monument Papahānaumokuākea.
« Il apparaît à présent que l'extension de Papahānaumokuākea a réellement bénéficié à la pêche au thon d'Hawaï », expliquent les chercheurs.
La nouvelle analyse fournit des données convaincantes qui contredisent les conclusions précédentes selon lesquelles le revenu par unité d'effort a diminué après l'extension du PMNM.
Par ailleurs, ces nouveaux résultats confirment le rôle majeur joué par les AMP dans la protection de la biodiversité et le soutien économique aux pêcheries voisines.
Matt Rand, directeur principal, et Rebecca Jablonski-Diehl, responsable adjointe, travaillent sur les projets de conservation des habitats marins de The Pew Charitable Trusts.