Prendre en compte la biologie du requin dans les pratiques de gestion
La croissance de la population d'une espèce dépend des caractéristiques de son cycle biologique. De nombreusespopulations de requins étant en déclin, il est important de déterminer dans quelle mesure ces caractéristiques diffèrentde celles des autres poissons et d'identifier les approches de gestion les plus efficaces.
En général, les poissons osseux atteignent la maturité sexuelle tôt, se reproduisent souvent et leurs portées sontnombreuses (Poisson and Fauvel 2009). Par comparaison, les requins grandissent lentement, parviennent à maturitéplus tard et ont des portées peu nombreuses (Simpfendorfer et al. 2008). Par exemple, une femelle requin qui donneraitnaissance à 10 requineaux tous les deux ans pendant 20 ans ajouterait environ 100 individus à la population. À l'inverse,une femelle espadon peut donner naissance à des millions de petits au cours de sa vie reproductive, dont des millierspeuvent survivre (Poisson and Fauvel 2009).
Les cycles biologiques de nombreux requins ressemblent en fait davantage à ceux des grands mammifères qu'à ceuxdes autres poissons. Par exemple, l'âge de la maturité sexuelle et la période de gestation de nombreuses espèces derequins sont proches de ceux des grands mammifères.
En raison de cette similarité des cycles biologiques, les approches de gestion utilisées pour les grands mammifèressubissant des déclins de population importants pourraient s'avérer prometteuses pour les requins. Par exemple, lecommerce des produits issus du grand cachalot et de l'ours brun est strictement réglementé en vertu des Annexes Iet II de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction(CITES). De plus, le moratoire global sur la pêche commerciale à la baleine et l'inscription des grands cachalots auxAnnexes I et II de la Convention sur la conservation des espèces migratrices appartenant à la faune sauvage ont favoriséle rétablissement de l'espèce.
En raison des caractéristiques inhérentes au cycle biologique des requins, les approches traditionnelles de gestion de lapêche, comme celle visant à atteindre un rendement maximal durable, peuvent ne pas suffire à rétablir des populationsde requins en forte baisse. Certaines des approches les plus rigoureuses utilisées pour contrer le déclin des grandsmammifères pourraient toutefois se révéler appropriées pour les requins, notamment des interdictions de conserver lesespèces les plus vulnérables et les inscriptions aux Annexes I et II de la CITES réglementant le commerce international.