10 raisons pour lesquelles les gouvernements européens doivent prendre rapidement des mesures pour mettre fin à la surpêche

Le délai fixé à 2020 par la politique commune de la pêche pour définir des quotas de pêche conformes aux recommandations scientifiques est désormais dépassé.

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10 raisons pour lesquelles les gouvernements européens doivent prendre rapidement des mesures pour mettre fin à la surpêche

Les ministres de la Pêche de l'Union européenne et les représentants d'autres États bordant l'Atlantique se réuniront à l'automne pour convenir des quotas applicables aux stocks de l'Atlantique et de la mer du Nord pour l'année à venir.

La politique commune de la pêche de l'UE impose aux États membres de mettre fin à la surpêche « d'ici à 2015, si possible » ou « au plus tard en 2020 ». Malheureusement, plusieurs espèces de l'Atlantique nord-est, notamment de nombreux stocks de cabillauds, restent victimes de surpêche.

Pourtant, les décideurs ont toujours le pouvoir, et le devoir, de renverser la situation en définissant des quotas qui mettent un terme à la surpêche afin que chacun puisse profiter de pêches durables.

Les 10 raisons détaillées dans le présent document expliquent pourquoi il est si important que les ministres de la Pêche, dans l'Union européenne et au-delà, prennent des mesures pour mettre fin à la surpêche.

Overfishing in Europe

1. Pour permettre aux stocks de poissons de se reconstituer.

Un trop grand nombre de stocks évalués dans ou à proximité des eaux européennes restent en deçà des seuils de sécurité biologique. La fin de la surpêche permettrait enfin à ces stocks de se reconstituer et de prospérer.

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2. Pour le bien des pêcheurs.

Des stocks sains de poissons contribuent à l'instauration et au maintien d'un environnement commercial stable et permettent de réaliser des économies de carburant et de temps. Une meilleure rentabilité des pêcheries diminue le besoin pour les contribuables européens de soutenir l'industrie de la pêche par le biais des subventions en place. D'après une étude de 2016, la fin de la surpêche rien que dans l'Atlantique nord-est pourrait générer des revenus supplémentaires de 4,6 milliards d'euros annuels pour la flotte de pêche européenne1 et créer plus d'emplois.

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3. Pour restaurer les milieux marins.

Les activités de la pêche affectent lourdement l'environnement marin, bien au-delà de la quantité de poissons prélevés. La destruction des fonds marins et des coraux, la capture involontaire d'autres animaux marins, tels que les oiseaux et les tortues de mer, et la pollution comptent parmi les effets négatifs les plus courants. Des stocks sains de poissons contribuent à réduire l'intensité des activités de pêche et donc à limiter les dégâts.

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4. Pour que les Européens puissent consommer plus de poissons capturés localement et issus de stocks durables.

De nombreux pays européens dépendent fortement des importations pour répondre à leur demande nationale.2 Ceci a également des répercussions pour les pays en développement où le poisson est une source de protéines animales essentielle pour une grande partie de la population.

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5. Pour renforcer la résilience des océans.

De nombreuses menaces pèsent sur nos océans : variations des températures des eaux, pollution, acidification, etc. Une bonne gestion des stocks de poissons joue un rôle essentiel dans la santé des écosystèmes et constitue un investissement pour l'avenir en aidant les océans à faire face à ces menaces.

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6. Pour faciliter la gestion des pêcheries.

La gestion de pêcheries qui menacent de s'effondrer est une activité complexe, risquée et exigeante. Cela nécessite des informations détaillées et pertinentes. À l'opposé, des pêcheries saines sont plus aptes à faire face aux changements, aux incertitudes ou aux erreurs de données, et donc plus faciles à gérer.

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7. C'est la loi.

En 2013, les décideurs politiques de l'UE se sont entendus sur une réforme de la politique commune de la pêche prévoyant de mettre fin à la surpêche d'ici 2015 si possible, et d'ici 2020 au plus tard pour tous les stocks. En ne réussissant pas à mettre fin à la surpêche dans les délais fixés par cette obligation juridique, les institutions européennes ont retardé le rétablissement des stocks de poissons et des écosystèmes marins.

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8. Pour renforcer la transparence.

La mise en place de limites de pêche n'excédant pas les recommandations scientifiques contribuerait à une gestion des pêcheries plus cohérente et plus prévisible au sein de l'UE. Les débats pourraient être axés sur l'optimisation des bénéfices socio-économiques des pêcheries saines.

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9. Les études de cas menées à travers le monde, et plus près de nos côtes, témoignent des avantages de la fin de la surpêche.

D'autres pays, comme les États-Unis, l'Australie et la Nouvelle-Zélande, ont déjà fait des progrès significatifs pour mettre un terme à la surpêche et ils commencent à en recueillir les fruits. Plusieurs mesures ont été prises dans cette voie au sein de l'UE, notamment en ce qui concerne la pêche au merlu,3 illustrant qu'il est possible de mettre un terme à la surpêche et d'en retirer des bénéfices.

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10. Les décideurs ont le pouvoir et le devoir de le faire.

Bon nombre des problèmes qui affectent aujourd'hui le monde, comme le changement climatique, sont particulièrement complexes à résoudre, mais la fin de la surpêche dépend en grande partie des décisions prises par les ministres de la Pêche à travers l'UE et au-delà. Afficher une volonté politique forte est nécessaire pour la bonne mise en œuvre des réformes de gestion et la détermination de limites de capture n'excédant pas les recommandations faites par les experts.

Un trop grand nombre de stocks évalués dans les eaux de l'UE restent en deçà des seuils de sécurité biologique. La fin de la surpêche permettrait enfin à ces stocks de se reconstituer et de prospérer.

Andrew Clayton dirige la campagne de The Pew Charitable Trusts pour mettre fin à la surpêche en Europe du Nord-Ouest.

Bibliographie

  1. J. Guillen et coll., « Sustainability Now or Later? Estimating the Benefits of Pathways to Maximum Sustainable Yield for EU Northeast Atlantic Fisheries », Marine Policy 72 (2016): 40-47, http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0308597X1630149X.
  2. Commission européenne, « Observatoire européen des marchés des produits de la pêche et de l'aquaculture, Le marché européen du poisson - Édition 2019 » (2019), https://www.eumofa.eu/documents/20178/314856/FR_Le+marché+européen+du+poisson_2019.pdf.
  3. Conseil international pour l'exploration de la mer, « Hake (Merluccius merluccius) in Subareas 4, 6, and 7, and Divisions 3.A, 8.A–B, and 8.D, Northern Stock (Greater North Sea, Celtic Seas, and the Northern Bay of Biscay) » (rapport du conseil d'avis du CIEM, 2019), https://doi.org/10.17895/ices.advice.4759.