L'Afrique de l'Ouest renouvelle son engagement en faveur de la protection des requins et des raies
Les représentants de plusieurs pays mettent au point les outils qui leur permettront d'appliquer les règles commerciales fixées par la CITES
En 2016, les membres de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction ont voté pour protéger neuf espèces de raies Mobula telles que celles-ci.
© Shawn HeinrichsConsolidant davantage le leadership émergeant de l’Afrique de l’Ouest dans le domaine de la conservation des requins, les représentants de 12 pays de la région se sont réunis début décembre dans le cadre d’un atelier organisé à Dakar, au Sénégal. Leur objectif : déterminer comment appliquer de façon efficace les règles du commerce international récemment adoptées pour protéger plusieurs espèces de requins et de raies. L’atelier portait essentiellement sur l'inscription en 2016 du requin soyeux, de trois espèces de requins-renards et de neuf espèces de raies Mobula à l'Annexe II de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction (CITES), l'Annexe II stipulant que le commerce international de ces espèces doit se faire de manière légale et durable et ne pas nuire à la survie des espèces à l'état sauvage.
Coorganisé par l’État sénégalais, Humane Society International et The Pew Charitable Trusts, l’atelier a réuni des responsables des pêcheries et de l'environnement soucieux de prendre les mesures permettant de respecter ces nouvelles inscriptions. Dirigées par une équipe d’experts, les séances avaient pour but de mieux définir le rôle que doivent jouer les États dans le processus de régulation du commerce mondial, le mode de réalisation des évaluations dites « avis de commerce non préjudiciable » ainsi que la procédure d'identification des ailerons de requins et des branchies de raies trouvées dans le commerce.
Les requins-renards, qui utilisent leur longue queue pour assommer leurs proies, sont en déclin dans tous les océans de la planète. Maintenant que le requin-renard pélagique, le requin-renard commun et le requin-renard à gros yeux sont protégés en vertu de leur inscription à l'Annexe II de la CITES, leurs populations pourraient se reconstituer.
© Steve De NeefHuit pays d'Afrique de l'Ouest se sont prononcés en faveur d'une ou plusieurs propositions pour la protection des espèces de requins et de raies qui avaient été adoptées en septembre 2016, lors de la 17e Conférence des Parties de la CITES. Ce leadership régional était aussi présent en force lors de la réunion de la Convention sur la conservation des espèces migratrices appartenant à la faune sauvage (CMS) d'octobre 2017 aux Philippines, où le Sénégal, le Togo et la Mauritanie ont réussi à faire inscrire la guitare de mer commune à l'Annexe II de la CMS, cette espèce ayant été peu, voire pas du tout encadrée et ayant frôlé l'extinction. Figurent à l'Annexe II de la CMS les espèces qui ont un besoin urgent de mesures de protection ainsi que d'une coopération accrue pour gérer leur nombre et les protéger de manière adéquate dans l'ensemble de leur aire de migration.
Le Sénégal est fier d'avoir co-parrainé des propositions d'inscription à la CITES et à la CMS visant à protéger et à mieux gérer les espèces de requins et de raies les plus menacées. En organisant un atelier de la CITES à portée régionale et mondiale la semaine dernière, nous avons affiché notre désir de voir ces mesures mises en œuvre de manière efficace et notre souhait de donner à ces espèces une chance de se reconstituer.—Abba Sonko, Directeur de l'organe de gestion de la CITES au Sénégal.
Les représentants de 12 pays d'Afrique occidentale prennent la pose à Dakar, au Sénégal, après avoir assisté à un atelier sur l'inscription à la CITES en 2016 de plusieurs espèces de requins et de raies..
© The Pew Charitable TrustsLe Cap-Vert et le Sénégal ont chacun organisé des ateliers de formation nationaux sur la mise en œuvre des mesures visant à protéger les espèces inscrites à la CITES en 2013 et 2016. Lors de ces séances, les agents des douanes, les représentants des pêcheries et les responsables environnementaux ont appris comment contrôler l'exportation légale des espèces figurant à l'Annexe II et comment identifier les ailerons des requins inscrits à la CITES. Ils ont également évoqué les mesures réglementaires (interdictions de pêche, mise en place de limites de capture fondées sur des données scientifiques, établissement de zones protégées, etc.) qui pourraient être prises pour aider leur pays à mieux gérer ces espèces.
Nous savons que la santé des océans est étroitement liée à la survie des requins. À l'échelle nationale, nous avons pris des mesures pour protéger les espèces de requins les plus vulnérables dans nos eaux et nous envisagerons des mesures complémentaires afin de respecter les règles fixées par la CITES.—Iderlindo Jorge Silva dos Santos, Directeur Innovation and Qualité environnementale, Cap-Vert
Agents des douanes, représentants des pêcheries, responsables environnementaux et bien d'autres se sont réunis au Cap-Vert pour assister à un atelier de formation sur l'application des règles visant à protéger les espèces inscrites à la CITES en 2013 et 2016.
© The Pew Charitable TrustsCes ateliers sont la preuve que les pays d'Afrique de l'Ouest sont déterminés à mettre en œuvre avec succès l'inscription des requins et des raies à la CITES et à entretenir la dynamique visant à améliorer la gestion de ces espèces en danger à travers le monde.
En adoptant une approche durable du commerce des espèces menacées et en encourageant la promulgation de lois de gestion pour ces espèces dans les eaux territoriales, la CITES est devenue une force motrice en faveur de la conservation et de la gestion internationale des espèces de requins. Les décisions prises par les pays d'Afrique de l'Ouest sont encourageantes pour les populations de requins en déclin, et Pew espère pouvoir continuer à collaborer avec les pays de la région pour les aider à atteindre leurs objectifs de gestion de ces espèces.
Ces ateliers ont été financés par Shark Conservation Fund (anciennement Global Partnership for Sharks and Rays).
Jen Sawada dirige le programme mondial de conservation des requins de The Pew Charitable Trusts.