Le Québec met en place des mesures pour accroître la protection de la forêt boréale
La proposition visant à protéger les caribous forestiers de Manouane-Manicouagan contribuerait à l’atteinte des objectifs ambitieux de la province en matière de conservation
Entourée de rivières sauvages et de peuplements denses de sapins et d'épinettes noires, la région de Manouane-Manicouagan au Québec abrite des troupeaux de caribous forestiers depuis des millénaires. Le gouvernement du Québec a maintenant pris des mesures pour que le caribou puisse prospérer dans cette région pour les générations à venir, par l'entremise de l’aire protégée des Caribous-Forestiers-de-Manouane-Manicouagan qui comprendra 1 million d’hectares de forêt intacte.
Les peuples autochtones ont traversé ces montagnes pendant des milliers d'années et ont longtemps apprécié cette région et son rôle dans le maintien du caribou. Ces nations continueront à jouer un rôle de premier plan dans la protection et la gestion de ce paysage et ont l'intention de le faire aussi longtemps qu'elles seront présentes. Particulièrement, le Conseil des Innus de Pessamit à l’intention de jouer un rôle central dans la gestion de l'aire protégée.
La nouvelle mesure de conservation ajouterait approximativement 690 000 hectares à l’aire protégée de cette région et servirait à préserver l’habitat du caribou et de plusieurs autres espèces. Le Québec se rapproche également de la réalisation des objectifs énoncés dans le Plan Nord, un engagement internationalement reconnu du gouvernement provincial visant à protéger 50% de sa forêt boréale, une zone équivalente à la superficie de la France.
Cette annonce est une addition bienvenue à l'effort de conservation boréale du Québec. Située dans la partie nord-est de la province, la région de Manouane-Manicouagan se démarque par une profusion unique de biodiversité. Des sapins baumiers imposants y poussent à des concentrations rarement observées aussi loin au nord. Les quatre-temps et d'autres plantes boréales couvrent la région pendant l'été; un témoignage de son sol fertile. Les montagnes escarpées capturent des nuages qui génèrent plus d'humidité que d'autres zones, gardant cette forêt intacte, verte et vibrante.
Il n'est donc pas surprenant que cet habitat, l'un des plus riches pour le caribou forestier au Québec, abrite l'une des populations de caribous les plus saines de la province, qui est aussi classifiée comme menacée à travers le Canada. Cette nouvelle aire protégée constituerait un refuge de choix pour le caribou forestier du Québec.
Pour garantir le succès du Plan Nord, les nations autochtones et le gouvernement du Québec doivent travailler ensemble. Le Plan Nord, annoncé en 2008 par le premier ministre du Québec de l'époque, Jean Charest, est un engagement en matière de conservation et une vision solide pour la gestion du territoire nordique de la province. Les objectifs du Plan Nord incluent la protection de 50% des terres du Nord-du-Québec, l'application de normes strictes de développement durable à l’autre 50%, le tout dans le respect des droits et des traités avec les peuples autochtones de la région. En 2014, le premier ministre du Québec, Philippe Couillard, s'est engagé à faire progresser le Plan Nord et à atteindre l'objectif provisoire de préserver 20% de la région boréale d'ici 2020 et à atteindre l'objectif de protection de 50% d'ici 2035.
Cette approche ambitieuse place le Québec à l'avant-garde de la conservation internationale. La forêt boréale canadienne est la plus grande forêt primaire de la planète, encore plus grande que l'Amazonie. La forêt boréale contient 25% des terres humides mondiales, plus de 1,5 million de lacs et plus d'eau douce de surface que partout ailleurs sur Terre. Elle sert également de bouclier géant protégeant la planète contre les effets des changements climatiques: les réserves boréales du Canada comptent pour environ 12% des réserves de carbone terrestre du globe, soit l'équivalent de plus de 34 ans d’émissions de gaz à effet de serre provenant de carburants fossiles.
Les Pew Charitable Trusts applaudissent l'engagement du gouvernement du Québec à la conservation de cet écosystème d'importance mondiale. L'aire protégée Caribous-Forestiers-de-Manouane-Manicouagan proposée est une étape importante dans la réalisation du Plan Nord. Toutefois, des gains supplémentaires seraient quand même nécessaires pour atteindre l'objectif de 2035. Cependant, si la province continue d'appliquer judicieusement le plan en observant les principes scientifiques et en développant des partenariats avec les gouvernements autochtones, le Québec pourrait créer un héritage durable pour le Canada et le monde. Cette action peut également contribuer aux mécanismes d’atteinte des engagements internationaux en matière de biodiversité, tels que les objectifs d'Aichi, qui demandent au Canada et aux autres pays de protéger au moins 17% de leurs terres d'ici 2020.
Alors que les gouvernements fédéraux, provinciaux, territoriaux et autochtones travaillent à la réalisation de ces obligations internationales, le Québec offre un modèle pour concilier la protection environnementale stricte et la prospérité économique durable. Pew célèbre les progrès réalisés dans la région de Manouane-Manicouagan et s'engage à aider le Québec à concrétiser sa vision audacieuse.
Steve Ganey dirige les programmes terrestres et océaniques et supervise les projets marins de la région arctique au sein des Pew Charitable Trusts.