Zoom sur la nouvelle aire marine protégée autour de l'île de Pâques
Cette désignation qui protège des centaines d'espèces est le fruit de cinq années d'efforts déployés par les Rapanuis.
Les eaux presque cristallines qui entourent le territoire chilien de l'île de Pâques abritent une vie marine foisonnante et font vivre une culture locale séculaire. Elles abriteront prochainement la dernière en date des grandes aires marines protégées (AMP) de la planète. Lors du congrès international des aires marines protégées qui s‘est tenue à Valpairaso au Chili, la présidente chilienne Michelle Bachelet a annoncé que son gouvernement désignerait une AMP à Rapa Nui (l'île de Pâques), une décision largement soutenue par les résidents de l'île de Pâques lors d'un référendum organisé juste avant le début du 4e congrès international des aires marines protégées.
La désignation protège ces riches écosystèmes marins en interdisant la pêche commerciale industrielle, l'exploitation minière et les autres activités de prélèvement à grande échelle dans les eaux de l'île de Pâques. En revanche, elle autorise les Rapanuis à pêcher de manière artisanale dans leurs petits bateaux ouverts en utilisant des lignes à main avec des cailloux comme lest.
Plus connue pour ses statues moaï et déclaréeau patrimoine mondial de l'UNESCO, l'île de Pâques est située à 4 000 km à l'ouest du Chili continental, au milieu d'un écosystème marin unique qui abrite 142 espèces que l'on ne trouve nulle part ailleurs, dont 27 sont menacées ou en voie d'extinction, selon l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Cette zone est également un lieu de reproduction pour de nombreux prédateurs, notamment le thon, le marlin, l'espadon et le requin.
Soutenue par la collectivité à la suite d'une consultation locale, la désignation a été rendue possible grâce au leadership de la communauté autochtone de l'île de Pâques, les Rapanuis, du nom qui désigne également leur langue et leur île. Dès 2014, une coalition rapanui a entrepris de mobiliser la communauté lors de rencontres publiques, en promouvant la création d'un programme d'éducation à l'environnement destiné aux écoles, en formant les insulaires à la gestion d'une aire protégée et en faisant du porte-à-porte pour solliciter le soutien de la population au projet d'AMP. En 2015, à la suite d'une proposition formulée par les Rapanuis, la présidente Michelle Bachelet s'est engagée à créer une AMP.
Le projet Héritage des océans de Pew et de la fondation Bertarelli soutient cette initiative depuis 2012 par le biais d'une assistance à la réalisation d'études scientifiques sur la vie marine unique de l'île et d'études sur l’impact économique de l'aire marine protégée ; d'une aide à la surveillance de la pêche illégale dans les eaux de l'île de Pâques ; d'une collaboration avec les responsables locaux concernant la formation de la population locale ; ainsi que de la promotion des échanges culturels avec les autres communautés autochtones du Pacifique.
Cinq photos de cet environnement marin exceptionnel
Le poisson-papillon (tipi tipi dans la langue locale) est l'une des 142 espèces que l'on retrouve uniquement dans les eaux de l'île de Pâques.
© Eduardo SorensenL'île de Pâques abrite des myriades d'espèces marines, notamment sept espèces de murènes, qui ont besoin de récifs coralliens sains pour se nourrir et se protéger des prédateurs. Les murènes sont souvent aperçues par les plongeurs dans les récifs peu profonds entourant l'île.
© Eduardo SorensenL'île compte de nombreuses richesses géologiques, comme le volcan éteint Rano Kau. Le lac qui se trouve dans le cratère est l'une des trois seules sources naturelles d'eau douce de l'île de Pâques.
© Eduardo SorensenL'île de Pâques est célèbre dans le monde entier pour ses statues moaï, qui mesurent 4 mètres de hauteur et pèsent 14 tonnes en moyenne. Monuments témoignant de la riche culture rapanui, ces sculptures de pierre ont été classées au patrimoine mondial de l'UNESCO en 1995.
© Eduardo SorensenEn danger d'extinction, le thon rouge du Sud est l'une des 27 espèces menacées ou en voie d'extinction selon l'UICN qui bénéficiera d'un refuge avec la création de l'aire marine protégée de l'île de Pâques,. La population mondiale de thon rouge s'est effondrée au fil des ans en raison de la surpêche.
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