En 2013, les ministres de la Pêche de l'Union européenne (UE) ont consenti à une réforme ambitieuse de la Politique commune de la pêche (PCP). Cette décision historique comporte un engagement contraignant à abolir la surpêche et à restaurer les stocks de poissons – autrement dit, des mesures politiques nécessaires pour garantir un environnement marin sain, des pêcheries rentables et des communautés côtières viables.
Dans ce contexte, pourquoi continuons-nous de faire campagne pour mettre fin à la surpêche dans l'UE ?
En octobre et en décembre 2014, les ministres de la Pêche de l'UE sont allés à l'encontre de leur propre politique en entérinant l’augmentation du taux de surpêche, ce qui montre bien que le changement ne se fera pas si facilement. Comment cela est-il possible ? Tout simplement parce que ces mêmes ministres ont prévu une marge de manœuvre suffisante pour pouvoir attendre jusqu’à cinq ans avant d’agir. C’est pourquoi, une fois le processus de réforme terminé, ils se sont contentés de continuer à légiférer comme avant.
Cette semaine, les ministres se sont réunis pour examiner une proposition de la Commission européenne relative au plan pluriannuel de pêche dans la mer Baltique, le premier des différents plans prévus. En prélude à la réunion du 20 avril, il avait été rappelé aux ministres l'importance de refléter l'ambition et le potentiel de la PCP dans leurs négociations. Plus précisément, ils avaient été encouragés à tenir compte de la PCP et de ses objectifs d’éradication de la surpêche et de reconstitution des stocks de poissons dans le cadre de ce plan – sans les trahir de quelque façon que ce soit.
Bien que l'Allemagne et la Suède aient souligné l'importance d'inclure l'objectif de restauration des stocks de poissons tel que défini dans la PCP, le Conseil Pêche a adopté un objectif de reconstitution plus faible. Pire encore, les ministres ont ajouté une mention leur permettant de définir des limites de capture non conformes à la législation, avec pour conséquence le maintien de la surpêche.
En réponse aux résultats de la réunion, la Commission européenne a tenu à rappeler aux décideurs politiques l'importance de définir des limites de capture, également connues sous le nom de totaux admissibles de captures. « Des TAC trop élevés ou non respectés ont permis un taux de mortalité par pêche qui a entraîné la réduction des rendements et des revenus », déclare la Commission.
Toutefois, le Conseil Pêche n'est pas la seule institution de l'UE ayant son mot à dire au sujet du plan. En effet, le 28 avril, les 751 députés européens auront une nouvelle fois l’occasion de faire peser leur poids dans la balance de la politique halieutique de l'UE en soutenant et en renforçant la position de leur Commission Pêche relative au plan pluriannuel pour la mer Baltique.
Par un vote massif, le Parlement européen réuni en session plénière pourra jouer un rôle décisif dans le processus de négociation qui permettra à la Commission européenne, au Conseil et au Parlement européen de parvenir à un accord sur le plan. Il est essentiel de continuer à soutenir les décideurs politiques et de faire en sorte qu’ils n’oublient pas la mise en œuvre d’une PCP qu'ils ont eux-mêmes adoptée, si l’on souhaite qu’elle ait un impact significatif tant sur la vie marine dans les mers du nord-ouest de l’Europe que sur la vie des communautés qui en dépendent.
Uta Bellion dirige le programme marin européen du Pew Charitable Trusts.