Les eaux riches qui entourent les îles Glorieuses, un territoire de taille modeste, mais d’une grande importance biologique situé dans l’océan Indien occidental entre les Seychelles et Madagascar, sont récemment devenues la toute dernière aire marine protégée par la France.
Lors de la Journée mondiale de l’océan le mois dernier (8 juin), le président français Emmanuel Macron a tenu sa promesse de 2019 consistant à protéger de façon permanente l’archipel en tant que réserve naturelle nationale. La nouvelle réserve englobe plus de 43 000 kilomètres carrés d’eaux territoriales (une zone légèrement plus grande que le Danemark), ainsi que 4,3 kilomètres carrés de terres. Toute activité minière est interdite dans la réserve, tandis que la pêche, la recherche et les autres activités humaines sont strictement réglementées afin de ne pas porter atteinte à l’intégrité des écosystèmes.
La réserve naturelle nationale de l’archipel des Glorieuses comprend trois zones entièrement protégées couvrant environ 11 000 kilomètres carrés autour de trois entités géomorphologiques appartenant à la réserve : les îles Glorieuses, le banc du Geyser et le banc de la Cordelière. Tous les types de pêche et d’activités d’extraction, comme l’exploitation minière, sont interdits dans ces zones.
Avec la création de cette réserve, la France a désormais placé sous haute protection 1,6 % de ses eaux territoriales dans le monde. Cela montre que le gouvernement français est de plus en plus conscient de la valeur et de l’importance d’une protection forte des eaux, préconisée depuis longtemps par les scientifiques pour assurer une protection efficace des écosystèmes marins. Bien qu’avec cette annonce la France se rapproche de son engagement de protéger fortement au moins 10 % de ses eaux d’ici 2022, il reste encore beaucoup à faire pour atteindre cet objectif.
Conservation International a inscrit les îles Glorieuses sur sa liste des 36 hauts lieux de la biodiversité mondiale. Les eaux de ces îles, qui comptent environ 450 kilomètres carrés de récifs abritant plus de 2 500 espèces, constituent un site de reproduction essentiel pour les tortues vertes et les tortues imbriquées, les baleines à bosse et plusieurs espèces d’oiseaux de mer.
Selon l’Union internationale pour la conservation de la nature, plus de 500 espèces de cette région sont toutefois considérées comme menacées. On estime que la région a perdu près de 70 % de ses espèces en raison de fortes pressions anthropiques, notamment les activités d’extraction, la pollution et la surpêche, exacerbées par les effets du changement climatique. Les nouvelles mesures de protection devraient aider les écosystèmes et la faune des îles Glorieuses à se reconstituer, tout en bénéficiant à la biodiversité de la région.
Jérôme Petit est basé en France et dirige les missions associées au projet Héritage des océans de Pew et Bertarelli en Polynésie française et dans les Terres australes et antarctiques françaises.