Grand requin blanc.
À BORD DU NAVIRE OCÉANOGRAPHIQUE BRAVEHEART – Voici quelques jours que nous naviguons dans l’océan Pacifique et cela me fait penser aux animaux qui, comme nous, parcourent ces étendues marines. Bientôt, notre expédition achèvera ce long voyage depuis la Nouvelle-Zélande jusqu’aux îles de Polynésie française et nous pourrons commencer notre exploration de l'environnement marin sur place.
Les requins ne sont probablement pas les premiers animaux qui me viennent à l'esprit quand je pense à de grands voyageurs de l'océan, mais leurs comportements sont le principal sujet de recherche de plusieurs scientifiques en Nouvelle-Zélande. Ces derniers ont étudié les déplacements des grands requins blancs et des requins peau bleue et ont découvert que les deux espèces accomplissent chaque année de longs allers-retours entre la Nouvelle-Zélande et les zones tropicales du Pacifique.
Au cours de la dernière décennie, les chercheurs de l'Institut national de recherche sur les eaux et l'atmosphère de Nouvelle-Zélande et le Département néo-zélandais de conservation de la nature ont étudié [http://www.niwa.co.nz/news/decade-of-great-white-shark-research-nears-end] les comportements des grands requins blancs vivant dans les eaux de Nouvelle-Zélande. En tout, ils ont marqué 95 requins au large de l'île Stewart et des îles Chatham depuis 2005.
Grand requin blanc.
De façon similaire à la route suivie par notre navire pour rejoindre la Polynésie française, ces requins se déplacent en une remarquable ligne droite lorsqu’ils entreprennent leur voyage à travers l’océan. Les recherches démontrent qu'ils nagent relativement vite, parcourant chaque jour une moyenne de 100 kilomètres ; certains ont même parcouru jusqu'à 150 kilomètres en une journée. Les requins effectuent aussi des plongées régulières jusqu'à des profondeurs de 800 mètres. La plongée la plus profonde a été enregistrée à 1 246 mètres.
Riley Elliott, spécialiste des requins, étudie les déplacements des requins peau bleue. Il les a suivis le long de leur trajet aller-retour en direction du nord-est, depuis le nord de la Nouvelle-Zélande jusqu’aux eaux tropicales du Pacifique près des îles Cook. Un requin – Alana, femelle adulte de 3 mètres de long – suit une route très semblable à celle empruntée par le Braveheart. Chaque année, elle accomplit l'aller-retour entre le nord de la Nouvelle-Zélande et les îles Cook. Notre trajectoire suit un cap similaire, bien que la Polynésie française soit plus à l'est que les Îles Cook.
Pourquoi les scientifiques s’efforcent-ils d’en savoir davantage sur les déplacements de ces deux espèces de requins ? Comme les autres espèces de requins, ces deux-là ont une croissance lente et se reproduisent peu. Cela signifie que si beaucoup d’individus sont tués par les pêcheurs, de manière intentionnelle ou accidentelle, leurs populations vont continuer à décroître. Les grands requins blancs et les requins peau bleue sont également vulnérables face aux engins de pêche. En 2007, les grands requins blancs sont devenus espèce protégée dans les eaux néo-zélandaises. En revanche, les requins peau bleue font encore l'objet d'une pêche commerciale de la part du secteur halieutique néo-zélandais.
Requin peau bleue.
L’amélioration des connaissances sur les spécificités de la migration des requins peut permettre de guider les stratégies liées à la pêche dans les eaux de Nouvelle-Zélande et dans tout le Pacifique, afin de réduire les captures de requins.
Basée à Wellington, Nouvelle-Zélande, Amelia Connell travaille sur la campagne Héritage Mondial des Océans de Pew en vue d’établir une réserve marine dans les îles Kermadec.