Le Canada et l'Australie abritent deux des plus vastes régions intactes sur le plan écologique au monde : les forêts boréales du Canada subarctique ainsi que les déserts et les savanes tropicales de la cambrousse de l'Australie. Les mesures prises par les peuples autochtones des deux pays pour protéger l'environnement naturel inspirent des modèles de conservation applicables dans d'autres parties du monde.
« Ce qui ressort manifestement des expériences du Canada et de l'Australie est que les droits et le leadership des Autochtones sont des éléments clés pour assurer la conservation à long terme. »
Steven Kallick
Les expériences vécues et les actions prises par les deux pays pour conserver leurs régions écologiquement différentes, mais tout aussi importantes l'une que l'autre pour la planète – soit la forêt boréale canadienne et la cambrousse de l'Australie – seront abordées dans le cadre d'un important congrès qui se déroulera à Baltimore sur cinq jours. Pew Charitable Trusts y commandite le colloque d'ouverture. L'International Congress for Conservation Biology débute le lundi 22 juillet, et des centaines de scientifiques de partout dans le monde y sont attendus.
Un nouveau rapport, intitulé La région boréale canadienne et la cambrousse de l'Australie : toutes deux à la fine pointe en matière de conservation, rédigé conjointement par le Groupe international d'experts scientifiques pour la conservation de la forêt boréale et d'autres universitaires renommés, sera présenté lors du colloque. Le rapport présente non seulement de nouvelles données scientifiques justifiant le maintien du statut de protection dans au moins la moitié des régions écologiques intactes, mais aussi l'élaboration de plans d'aménagement du territoire de calibre mondial par les peuples autochtones du Canada couvrant de grands paysages terrestres dans la forêt boréale canadienne.
Dans la même veine, l'Australie compte maintenant 58 zones autochtones protégées qui s'étendent sur près de 50 millions d'hectares (plus de 120 millions d'acres) – un territoire plus grand que l'État de la Californie – et près de 700 Autochtones travaillent pour le Programme de gardes forestiers autochtones du pays. Aussi, ces zones de conservation maintiennent la culture traditionnelle en rapprochant les propriétaires autochtones de leurs terres, encouragent le développement des habiletés et créent de l'emploi.
La nature intacte de la forêt boréale du Canada et de la cambrousse de l'Australie présente une occasion unique de maintenir et de conserver de façon proactive une biodiversité et des écosystèmes fonctionnels à grande échelle. Par contre, ces écosystèmes sont perçus par certains comme les dernières frontières pour l'extraction incontrôlée des ressources naturelles. Il en résulte une pression pour trouver un juste équilibre entre la biodiversité et l'intégrité écologique, d'une part, et les besoins économiques, d'autre part. Cette pression a inspiré de nouvelles idées innovatrices et des collaborations ayant déjà produit des résultats saisissants qui ont eu pour effet de hausser la barre pour de grandes initiatives de conservation terrestre aux quatre coins de la planète.
Au Canada, par exemple, la région de la forêt boréale abrite plus de 526 000 kilomètres carrés (130 millions d'acres) de zones protégées. De plus, les gouvernements provinciaux de deux des plus grandes provinces, soit l'Ontario et le Québec, se sont engagés au cours des dernières années à aménager de nouvelles zones protégées couvrant 800 000 kilomètres carrés (près de 200 millions d'acres).
L'Australie a récemment aménagé quatre grandes zones autochtones protégées dans la région isolée de nature sauvage de Kimberley en Australie-Occidentale, créant ainsi le plus grand corridor de conservation de propriété autochtone au pays. Ces zones protègent 69 139 kilomètres carrés (17 millions d'acres) de littoral sauvage et de savane tropicale et représentent le dernier chapitre de l'histoire de la réussite de la conservation par les Autochtones en Australie.
« Ce qu'on accomplit dans ces régions écologiques magnifiques et importantes pour la planète entière représente une nouvelle frontière pour la conservation à l'échelle mondiale. Les réalisations à ce jour ont de quoi inspirer quiconque veut s'engager à trouver des solutions pratiques et efficaces au défi constant d'équilibrer la conservation et les besoins économiques », affirme Steven Kallick, directeur des programmes mondiaux de nature sauvage de Pew. Il prendra la parole lors d'une séance sur la conservation pendant le congrès à Baltimore.
« Ce qui ressort manifestement des expériences du Canada et de l'Australie est que les droits et le leadership des Autochtones sont des éléments clés pour assurer la conservation à long terme », ajoute le conférencier Barry Traill, qui dirige le travail de Pew en Australie.
D'autres conférenciers qui prendront la parole sur les expériences canadiennes et australiennes sont Fritz Reid de Canards illimités, Valérie Courtois de l'Initiative boréale canadienne, Jeff Wells de la Campagne internationale pour la conservation de la forêt boréale, Aran O'Carroll du Secrétariat de l'Entente sur la forêt boréale canadienne et James Levitt du Programme d'innovation en conservation, Harvard Forest, Université Harvard.