PAPEETE — Le projet Héritage des océans de Pew et Bertarelli félicite le gouvernement de la Polynésie française pour le projet annoncé ce mois-ci de protéger la vie marine et naturelle de l'archipel des Australes, une chaîne d'îles éloignée et ses eaux environnantes dans le Pacifique Sud, d'ici 2023.
Le Conseil des ministres a décidé le 10 juin de solliciter l'aide de l'UNESCO pour désigner en réserve de biosphère les îles de Maria, Rimatara, Rurutu, Tubuai et Raivavae au nord de l'archipel, et Rapa et Marotiri au sud. La décision du gouvernement reflète un fort soutien local en faveur de la protection marine de l'archipel pour préserver la biodiversité ainsi que les modes de vie traditionnels et insulaires. La zone pourrait devenir la plus vaste réserve de biosphère au monde, avec une superficie qui atteindrait un million de kilomètres carrés.
Dans le cadre de cette désignation par l'UNESCO, les eaux protégées resteraient sous la juridiction compétente de la Polynésie française, tandis que les communautés locales et parties prenantes pourraient être impliquées dans la planification et la gestion. Les réserves de biosphère officiellement désignées comprennent trois types de zones : une aire centrale strictement protégée où la pêche et les activités d'extraction sont proscrites, une zone tampon autour de l'aire centrale et une zone de transition où les habitants peuvent poursuivre des activités économiques durables, telles que la pêche traditionnelle. On compte actuellement plus de 700 réserves de biosphère réparties dans 124 pays, soit une superficie totale de 6,8 millions de kilomètres carrés.
Des réunions communautaires se tiendront l'année prochaine avec la contribution des habitants de l'archipel des Australes pour désigner les spécificités du projet de réserve de biosphère et élaborer un zonage en 2022. La proposition finale sera approuvée par le gouvernement de la Polynésie française avant d'être soumise à l'UNESCO d'ici 2023.
« Depuis plus de cinq ans, les élus, les pêcheurs et les associations des Australes ont travaillé ensemble pour encourager la protection de la biodiversité marine de l'archipel. Le gouvernement de la Polynésie française et les habitants des îles Australes méritent d'être salués pour avoir pris cette mesure encourageante en faveur de la préservation de ces écosystèmes marins. »
« Les habitants et le gouvernement de la Polynésie française reconnaissent que leurs récifs coralliens, bien qu'ils regorgent de poissons et d'autres formes de vie marine, ne sont pas à l'abri des menaces croissantes qui pèsent sur l'océan. En protégeant les eaux autour des îles Australes et la vie marine qu'elles abritent, la Polynésie française jouerait un rôle majeur dans l'effort mondial croissant visant à protéger 30 % de l'océan comme recommandé par les scientifiques et l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). C'est une opportunité de contribuer à garantir un océan sain et durable pour les générations à venir. »
The Pew Charitable Trusts et la fondation Bertarelli se sont associés en 2017 pour lancer ce projet. Leur objectif est de créer une nouvelle génération d'aires marines protégées au niveau international, pour préserver de manière efficace des zones importantes sur le plan écologique. Ce projet s'appuie sur dix ans de travaux réalisés par ces deux organismes pour protéger l'océan. Leurs efforts conjoints ont notamment contribué à obtenir des engagements visant à préserver plus de 8 millions de kilomètres carrés d'océan, grâce à une collaboration étroite avec des philanthropes, les communautés locales, les dirigeants locaux, les gouvernements et les scientifiques. La fondation Bertarelli œuvre depuis 2010 à la protection de l'océan pour les générations futures par le biais de la conservation marine et la recherche scientifique collaborative.
Le projet Héritage des océans de Pew et Bertarelli a soutenu la création d'une grande aire marine protégée (AMP) dans les îles Australes de Polynésie française, dans le cadre de la mise en place d'un réseau mondial visant à restaurer la santé des océans. Le projet a travaillé en partenariat avec les gouvernements, les communautés locales, les associations et les autres acteurs concernés. Des études scientifiques sur les bénéfices économiques et écologiques d'une grande AMP ont été menées.
Le projet développé dans plusieurs sites dans le Pacifique a rassemblé des artistes, des enseignants, des pêcheurs, d'anciens représentants gouvernementaux et des navigateurs de différentes régions et cultures, qui partagent le même intérêt pour la sauvegarde de l'identité culturelle unique de leurs communautés insulaires. Ce groupe, lesIsland Voices, a rencontré le ministre de la Culture et de l'environnement de la Polynésie française avec des représentants des Australes en juin 2019 pour échanger sur la culture polynésienne et discuter des possibilités de conservation marine.
De par leur isolement et leur diversité topographique, les îles Australes conservent un taux d'endémisme élevé pour certaines espèces. L'île de Rapa, en particulier, est un haut lieu de la biodiversité marine avec 112 espèces de coraux, 250 espèces de mollusques et 383 espèces de poissons côtiers, dont 10 % ne se trouvent nulle part ailleurs. Les espèces pélagiques, telles que les thons et les espadons, sont encore bien préservées, avec peu ou pas de pression de pêche dans les eaux du sud de l'archipel.
L'héritage culturel des Australes est étroitement associé à l'océan. En 2014, les conseils municipaux des cinq îles ont voté en faveur de la création d'une grande réserve marine hautement protégée, après plus de 70 réunions publiques organisées sur l'ensemble des îles pour élaborer une proposition. Le nom proposé par les communautés locales pour ce projet de réserve est Rāhui Nui nō Tuha’a Pae, ou « le Grand rāhui des Îles australes », une référence tahitienne à la pratique polynésienne traditionnelle restreignant l'accès à une zone ou à une ressource dans le but de la conserver.
Le rahui, mesure traditionnelle de conservation des ressources naturelles, est fortement ancré dans la culture de l'archipel et toujours pratiqué par les communautés. Face aux effets croissants du changement climatique et de la pression exercée sur les pêcheries, ces traditions et connaissances locales peuvent être appliquées à plus grande échelle pour préserver les écosystèmes marins.